Dans l’évangile de saint Jean proposé en ce dimanche, chapitre 15,1-8, le verbe demeurer est mentionné 8 fois. Il serait donc la clé pour comprendre le sens et l’importance de ce terme qui revient souvent par ailleurs dans le texte de l’évangéliste. De plus, Jésus dit : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. »
Première remarque : Que signifie ce verbe demeurer dans ces emplois variés? Ce qui vient spontanément à l’esprit c’est la maison, l’endroit où quelqu’un habite. Aux deux disciples de Jean le Baptiste qui, l’ayant entendu désigner Jésus comme l’Agneau de Dieu, c’est la réponse qu’ils font à celui qui leur demande « Que cherchez-vous? » « Maître, où demeures-tu? Et Jésus de répondre : « Venez et voyez. » (cfr Jn 1,36-38).Ce « demeurer » fait comprendre qu’il y a là quelque chose de stable, donc de solide. C’est ce sens que nous gardons à l’esprit pour entrer plus avant dans ce texte évangélique.
Deuxième remarque : Au verset 4 de ce chapitre 15 nous lisons : « Demeurez en moi comme je demeure en vous. » Comme la maison représente un abri sûr, « demeurer en Jésus » donne l’assurance, la fermeté, la sécurité de la confiance en Jésus qui ne peut ni tromper ni décevoir. Demeurer en : ce n’est pas demeurer « avec », ou demeurer « pour ». La tournure de la phrase de Jésus indique que ce « demeurer en » commence d’abord et avant tout par Jésus, chez Jésus : « Demeurez en moi. » Toujours, Jésus nousprécède : « Voici ce qu’est l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés le premier et qui a envoyé son Fils. » (1Jn 4,10). L’amour premier de Dieu qui demeure en nous nous « presse » à demeurer en Lui. C’est la réponse qu’Il attend à sa proposition toujours offerte, jamais reprise de sa part. Car Il a un infini respect de notre liberté : « Dieu fait de nous en Jésus Christ des êtres libres. Tout vient de Lui, tout est pour Lui. Qu’Il nous délivre! » C’est à cela qu’Il nous appelle.
Troisième remarque : Sur le chemin de ce « demeurer en moi », Jean nous aide d’une comparaison qui était familière à ses contemporains : « Je suis la vraie vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance. » Voilà qui est « intéressant! » Lequel d’entre nous ne « rêve pas de laisser sa marque, d’être utile à son entourage! » Dieu n’est pas contre. Il faut seulement « ne pas se tromper sur le chemin à prendre pour y arriver sûrement! » C’est pourquoi il faut demeurer en Lui. Comment? En nous appuyant sur son Esprit qui ne nous manquera jamais, en cheminant humblement avec nos frères et sœurs en route comme nous vers « les cieux nouveaux et la terre nouvelle où Dieu sera tout en tous! » (cf Ap 21,5). C’est le « rêve » de Dieu avant d’être le nôtre! « Nous te rendons grâce. Dieu notre Père, pour Jésus, ta sainte vigne : au pressoir de la croix, il nous fait don du vin nouveau, et tous ceux qui en boivent demeurent en ton amour. » AMEN. sr. Françoise Daigneault